Conteur écolo en pays de Brocéliande

Il était une fois

I

Enfin, c’est ce qu’il me semble. L’histoire a lieu dans un royaume immense bâti sur un grain de riz, lui-même posé à dos d’éléphant. C’était une contrée prospère au milieu de laquelle s’élevait un immense château entouré de jardins luxuriants. Au-delà, sur ce sol blanc nacré, le village s’étendait autant qu’il pouvait jusqu’aux limites du grain de riz.

Un peu à l’écart des demeures et échoppes figurait une auberge. C’était une vieille mansarde bâtie à l’orée de cette immense étendue appelée le désert du Pachi. Le bâtiment, longtemps à l’abandon accueillait à nouveau les voyageurs suffisamment courageux pour traverser cette zone aride et inhospitalière. Ils étaient alors nombreux à apprécier une étape qui les plongeait dans un décor aussi décrépi que chaleureux.

Ce soir-là, ils étaient une bonne vingtaine à l’intérieur, tous attablés et chargeant frénétiquement leur gosier d’une soupe qui parfumait la pièce autant que les papilles. Au fond de la salle, une immense cheminée au brasier ronronnant réchauffait une meute de chats couchés en boule.

De l’autre côté de la pièce, accoudée au bar, se tenait la princesse. Discrète et couverte d’un chaperon, elle affichait un large sourire après avoir remporté son troisième bras de fer contre un ogre trapéziste dont les allers et venues avaient précipité la défaite. Il se trouvait tout penaud, les larmes prêtes à vaciller le long des joues tandis que l’aubergiste, n’étant pas homme à tolérer le mal-être sous son toit, lui tendait une généreuse pinte de cervoise.

À l’extérieur, dans un “ploc” assourdissant, la nuit tomba tout au fond du puits. Les clients levèrent quelques instants la tête avant de retourner à leur auge qu’ils léchaient goulument.

Soudain, il ne se passa rien. Ce qui aurait pu paraître étonnant si quelqu’un avait pris la peine de s’en soucier. Mais ils étaient là, entamant leur digestion, bercés par les crépitements du feu et les relents de choux qui continuaient de s’échapper des cuisines. Cependant, juste après cette absence d’évènement, un curieux messager franchi le seuil de l’établissement. Dans un geste franc, il remit à l’aubergiste une enveloppe pas plus grande qu’une planète. Curieux, celui-ci l’ouvrit devant le regard intrigué de ses hôtes. Il en sorti un cortège long de plusieurs centaines de mètres qui envahit les rues dans un brouhaha de tambours et de trompettes : c’était leur nouveau souverain !

– Et ensuite ?

– Comment ça “et ensuite” ?

– C’est quoi la suite de l’histoire ?

– Je ne sais pas, elle est partie.

– Elle est partie ?

– Oui, c’est ça un conte errant. L’histoire se précipite là où elle est attendue.

N’aurions-nous pas rendez-vous ?

En une foule d’occasions, je vous propose de découvrir les contes errants de la lumière, un méli-mélo de récits traditionnels, engagés, décalés, émouvants et souvent plein d’humours pour découvrir, redécouvrir, imaginer et voyager.

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